Aller au contenu

Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
DE DENTRECASTEAUX.

1792.
Mai.
»je gagnai le canot de la même manière dont je l’avois quitté.»

»Après avoir doublé la pointe méridionale de l’enfoncement dans lequel je m’étois engagé (pointe de Riche), nous mîmes à la voile, avec le temps le plus favorable : mais, par un malheur que j’étois loin de prévoir, le vent tomba tout-à-coup, et nous fûmes obligés de lutter avec les avirons contre un courant très-fort. Nous gagnions avec une peine extrême ; cependant nous arrivâmes, à environ neuf heures du soir, à une petite île située à la côte méridionale de l’entrée du canal (l’île du Satellite). Les rochers dont cette île étoit entourée, ne nous permirent pas de l’aborder ; je pris le parti de mouiller dans le Nord-Ouest, le plus près de terre qu’il étoit possible. Nous passâmes la nuit dans le canot, où nous sommes restés chacun à notre poste. Le temps se chargeoit dans le Sud-Ouest, et nous eûmes des grains, de la pluie et de la grêle, qui ne nous permirent pas de dormir ; le froid sur-tout nous gêna beaucoup. Au jour, nous essayâmes d’appareiller ; mais le temps étoit si mauvais que nous fûmes obligés de remouiller.»

»La conviction où j’étois de pouvoir me rendre la veille à bord de la Recherche, m’avoit fait négliger de prendre des précautions pour ménager nos provisions : il ne nous restoit plus que trois bouteilles d’eau et très-peu de biscuit. Je fis une distribution d’eau et de biscuit. J’avois réservé pour le lendemain près d’une bouteille d’eau pour tout l’équipage et une galette de biscuit pour chaque homme.»