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DE DENTRECASTEAUX.

1792.
Juillet.
plus de leur goût que les autres. Ils répétèrent avec une grande facilité plusieurs mots de notre langue ; mais il nous fut très-difficile de saisir leur prononciation ; du moins ne trouvai-je pas autant de conformité entre les mots prononcés par eux et répétés par nous, qu’entre ceux que nous avions articulés et qu’ils répétoient eux-mêmes.

Pendant cette entrevue le calme survint ; le courant nous entraîna vers la côte ; le navire ne gouvernoit plus, et il fallut mettre les embarcations à la mer pour nous éloigner de terre : à la vue des canots, les naturels reprirent bien vite la route du rivage ; mais leur départ ne fut marqué par aucun acte de trahison semblable à celui qu’ils avoient commis contre la frégate la Boudeuse, commandée par M. de Bougainville. Nous apprîmes le soir que l’Espérance avoit fait un plus grand nombre d’échanges que nous ; mais aussi y avoit-il de son côté une grande concur­rence ; nous n’avions eu à traiter qu’avec sept à huit hommes, et il s’en trouvoit près de soixante autour d’elle.

Les pirogues de l’île Bouka sont d’une construction légère et d’une forme élégante ; elles sont très-propres à marcher à la rame, et ont à cette allure une vitesse étonnante : mais rien ne nous a fait juger quelles pussent aller à la voile, car elles n’ont point de balancier, et sont véritablement trop volages.

Après nous être avancés dans l’Est de manière à relever un cap de la partie orientale de l’île Bouka dans le Sud-Est, nous fûmes fondés à croire qu’il n’existoit pas de terre