144
VOYAGE
1792.
Août. purent les déterminer à entrer en marché avec nous ; ils se tinrent toujours à une distance telle, que les échanges ne pouvoient avoir lieu. On essaya la méthode de communication par la petite planche garnie de morceaux de fer, de clous, &c. ; mais il paroît qu’il s’éleva entre les naturels
un débat pour savoir si l’on iroit ou non chercher la planche : enfin ils l’abandonnèrent, et nous continuâmes notre route.
Le temps étoit trop précieux pour le perdre dans une entrevue tout-à-fait stérile. Au reste, nous ne pûmes pas juger si les habitans de ces îles avoient communiqué avec des
Européens.
Ces insulaires sont d’une belle stature ; nous ne leur avons point vu d’armes ; peut-être en avoient-ils de cachées, peut-être aussi ne sont-ils que pêcheurs. Ils voulurent jeter à bord de
l’Espérance quelques fruits qui, à cause de l’éloignement, ne purent y arriver, et qui tombèrent à l’eau : on crut d’abord que c’étoient des pierres, et que ceux qui les lançoient avoient des vues hostiles ; la même opinion eut lieu à bord de
la Recherche, d’après la même cause ; mais on finit par être détrompé. C’est ainsi, peut-être, que plusieurs de ces peuples ont été taxés de cruauté et de perfidie, sur de fausses interprétations données à des actes qui pouvoient avoir des motifs tout-à-fait opposés ; c’est ainsi peut-être qu’ils nous ont jugés nous mêmes malfaisans, quand nous ne cherchions qu’à exciter leur curiosité pour les engager à prendre les objets utiles que nous voulions leur procurer. Nous fîmes le tour de ces
îles,