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VOYAGE

1792.
Août.
purent les déterminer à entrer en marché avec nous ; ils se tinrent toujours à une distance telle, que les échanges ne pouvoient avoir lieu. On essaya la méthode de communi­cation par la petite planche garnie de morceaux de fer, de clous, &c. ; mais il paroît qu’il s’éleva entre les naturels un débat pour savoir si l’on iroit ou non chercher la planche : enfin ils l’abandonnèrent, et nous continuâmes notre route. Le temps étoit trop précieux pour le perdre dans une en­trevue tout-à-fait stérile. Au reste, nous ne pûmes pas juger si les habitans de ces îles avoient communiqué avec des Européens.

Ces insulaires sont d’une belle stature ; nous ne leur avons point vu d’armes ; peut-être en avoient-ils de cachées, peut-être aussi ne sont-ils que pêcheurs. Ils vou­lurent jeter à bord de l’Espérance quelques fruits qui, à cause de l’éloignement, ne purent y arriver, et qui tom­bèrent à l’eau : on crut d’abord que c’étoient des pierres, et que ceux qui les lançoient avoient des vues hostiles ; la même opinion eut lieu à bord de la Recherche, d’après la même cause ; mais on finit par être détrompé. C’est ainsi, peut-être, que plusieurs de ces peuples ont été taxés de cruauté et de perfidie, sur de fausses interprétations don­nées à des actes qui pouvoient avoir des motifs tout-à-fait opposés ; c’est ainsi peut-être qu’ils nous ont jugés nous mêmes malfaisans, quand nous ne cherchions qu’à exciter leur curiosité pour les engager à prendre les objets utiles que nous voulions leur procurer. Nous fîmes le tour de ces
îles,