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VOYAGE

1792.
Août.
nous rejoindre avant la nuit ; mais au déclin du jour, je crus devoir virer de bord et forcer de voiles pour sortir du détroit et la rallier ; heureusement qu’avant la nuit close elle put s’élever assez au vent pour y pénétrer. Alors je repris la bordée de l’Ouest et me conformai à sa marche. Le vent tomba tout-à-fait pendant la nuit ; mais les courans nous entraînèrent d’une manière si sensible, que nous doublâmes, à vue d’œil, les points de la côte qui étoient par notre travers. Lorsque nous fûmes arrivés à l’île appelée Pulo-Sagewien, qui termine le détroit à l’Ouest, les courans ne furent plus aussi favorables qu’ils l’avoient été à l’entrée et au milieu du canal. Ce ne fut que dans la matinée du 24 et après avoir couru plusieurs bordées, que nous parvînmes à dépasser i’île Sagewien. La carte de M. Beautemps-Beaupré indique toutes les îles situées à l’extrémité occidentale du détroit de Sagewien : leurs positions ont été déterminées avec une grande exactitude ; mais la nuit nous empêcha de prendre les relèvemens qui auroient servi à tracer avec la même précision les côtes du détroit. La pointe Nord-Ouest de l’île Sagewien est par 0° 56′ 45″ de latitude australe, et par 128° 13’ de longitude orientale.

Nous avions vu, le 23, sur la côte de l’île Batenta, une pirogue portant un pavillon que l’on jugea être Portugais, parce qu’il étoit blanc, et que l’on croyoit distinguer des armes au milieu ; jaurois désiré que cette pirogue fut venue à bord, ou que le vent ne m’eût pas obligé de m’en éloigner et de serrer la côte de Sallawatty : ce pavillon avoit piqué notre curiosité ;