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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/226

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VOYAGE

n’étoit-il qu’un prétexte allégué par les employés, pour 1792. Septembre. faire venir ces bâtimens à Amboine, d’où, si l’on en croit l’opinion générale, ils firent une exportation assez consi­dérable de clous de girofle. Il est certain qu’ils éprouvèrent moins de difficultés, quoique reconnus pour des bâtimens de la compagnie Angloise, que nos deux frégates, que l’on ne pouvoit pas douter être des bâtimens de l’État, des­tinés à une mission qui devoit écarter toute idée de vues mercantiles.

Il existe une grande diversité d’opinions sur l’état de la population d’Amboine et des lieux de sa dépendance. Quel­ques personnes qui paroissent dignes de confiance, la font monter à cent cinquante mille ames, sans y comprendre celle de Bourou ; d’autres la portent seulement à soixante douze mille. Je pense que la première évaluation est établie d’après les anciens comptes rendus à la compagnie, et qui probablement ont été exagérés. On vouloit présenter ces îles sous le point de vue le plus florissant ; mais il est peu vraisemblable que des pays soumis à un régime prohibitif, et où il n’y a ni culture, ni commerce, ni industrie, puissent avoir une aussi nombreuse population.

C’est de Céram et de Macassar que les habitans d’Am­boine tirent leurs esclaves. Cette observation, qui semble indifférente en elle-même, a pour but de faire connoître les nations chez lesquelles existe encore la coutume de vendre son semblable, et qui font la guerre uniquement pour avoir des prisonniers : mais l’humanité est forcée d’applaudir