Aller au contenu

Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
DE DENTRECASTEAUX.

1792. Décembre En approchant du mouillage, nous vîmes avec satisfac­tion que la mer y étoit moins grosse qu’au large, et que nous y serions abrités par une petite île et par plusieurs ressifs. L'Espérance nous signala en même temps que le fond étoit de bonne qualité. Nous laissâmes tomber l’ancre un peu en dedans de cette frégate, par vingt-trois brasses fond de sable fin. Trois grosses ancres étoient parées ; la première chassa, la seconde nous fit faire tête ; le vent étoit si violent et la mer encore si agitée, qu’il parut indispensable de mouiller la troisième ancre. On cala promptement les mâts de hune ; mais les tangages étoient si forts, que des haches furent portées sur le pont, afin de couper la mâture, si les ancres n’eussent pas tenu. Le vent continua avec la même force toute la nuit : le baromètre, qui avoit baissé considé­rablement dans la soirée, commença cependant à remonter et nous fit espérer le retour du beau temps.

10. Le lendemain, le vent et la mer s’apaisèrent par degrés, et la communication entre les bâtimens devint possible. M. Huon m’envoya prévenir que les deux barres du gou­vernail de l'Espérance s'étoient rompues depuis qu’il étoit au mouillage, que l’étambot avoit été ébranlé par les vio­lentes secousses du gouvernail, et qu’enfin la chaîne d’une de ses ancres étoit cassée. Il seroit à souhaiter qu’on pût mettre assez de soin dans la fabrication de ces sortes d’ou­vrages, pour qu’ils pussent résister au plus mauvais temps : nous avions appris déjà, au port du Nord de la terre de Van-Diémen, à ne pas trop compter sur leur solidité ; mais