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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/244

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VOYAGE

1792. Décembre quelques îles furent laissées à tribord ; à mesure que nous avancions on en découvroit de nouvelles, et enfin à onze heures nous en fûmes environnés. Nous vîmes toutes ces îles entourées de ressifs ; et comme la mer étoit assez grosse, ils nous parurent former dans l’Est une chaîne non inter­rompue, qui ne laissoit aucun espoir de trouver un pas­sage. Il fallut venir au plus près, pour tâcher de sortir de cet archipel en louvoyant. Mais à cette époque le vent tourna au Sud-Ouest ; il s’accrut successivement, et devint si impé­tueux, qu’à trois heures nous fûmes obligés de serrer les huniers, malgré la nécessité où nous nous trouvions de faire de la voile. L’espace entre la terre et les îles étoit étroit ; on faisoit de très-courtes bordées ; nous allions inévitablement en dérive. L’Espérance, qui portoit la voile moins bien que la Recherche, prit de bonne heure le parti courageux, mais indispensable, de laisser arriver, et de longer les ressifs pour chercher un abri derrière quelque île, ou du moins une issue au travers des écueils. Nous la vîmes parcourir sous la misaine la chaîne de brisans, et passer devant quelques îles ; enfin, à trois heures et demie, nous l’aperçûmes qui mouilloit dans un endroit que nous jugions découvert de toute part. La nuit, qui n’étoit pas éloignée, nous eût laissés sans ressource, et il n’y avoit plus à balancer pour prendre le même parti que l’Espérance. Nous examinâmes cependant sa position ; et après nous être assurés qu’elle tenoit sur ses ancres, nous allâmes la rejoindre.