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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/296

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VOYAGE


1793.
Février
aucune incertitude sur les dispositions pacifiques de ce peuple ; mais on pourroit croire que l’expérience qu’ils ont pu faire antérieurement de la supériorité de nos armes, auroit également produit cette apparence d’amitié, si un trait plus décisif ne prouvoit, de la manière la plus convaincante, qu’ils ne sont pas mal-faisans, lors même qu’ils n’ont rien à redouter de ces armes qui leur inspirent une si grande terreur. Lorsque MM. la Billardière, la Haye et leurs deux com­pagnons de course passèrent près de la case où ils s’étoient reposés pendant la nuit, les naturels leur firent connoître qu’ils les avoient vus couchés et endormis : M. la Haye croyoit en effet avoir entendu rompre assez près de lui des branches d’arbres. Ces quatre personnes surprises sans dé­fense, au milieu de la nuit, auroient certainement été les victimes de la férocité de ces sauvages, si ces derniers avoient été aussi méchans qu’ils le parurent à M. Marion en 1772 : les entrevues que nous eûmes par la suite avec eux, annoncent au contraire qu’ils sont bons et sans méfiance.

On les avoit menés, en allant rejoindre le canot, au jardin que nous avions fait l’année précédente au port du Nord, M. la Haye l’examina avec plus de soin que la première fois ; il trouva que quelques plants de chicorée, de choux, d'oseille, de radis, de cresson, et quelques pommes de terre, avoient poussé , mais qu’ils n’avoient donné que les deux premières feuilles séminales. Pendant qu’il regardoit avec une extrême attention tous les compartimens de ce jardin, un des naturels lui montra les plantes qui avoient levé ; et il

les