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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/297

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DE DENTRECASTEAUX.

1793.
Février
les distinguoit parfaitement des plantes indigènes, quoiqu’elles fussent presque imperceptibles. M. la Haye attribua, avec raison, le peu de succès de ce potager à ce que les graines avoient été semées dans une saison trop avancée.

Cette première entrevue excita dans les deux frégates un extrême désir de visiter des hommes si bons, et si différens de l’idée qu’on se forme de tous les sauvages, d’après les relations des différens voyageurs. Un canot de l’Espé­rance alla, le lendemain 9. 9 février, au port du Nord : on trouva les naturels rapprochés du bord de la mer ; et l’on fut à portée de les voir plus long-temps, et d’être témoins d’un de leurs repas. Ils étoient séparés par familles ; et il y avoit autant de feux que de familles. Le mari étoit placé auprès de sa femme ; l’un et l’autre étoient entourés de leurs enfans. Plusieurs personnes s'assirent à côté d’eux ; et la présence de ces étrangers ne les dérangea en aucune manière. Leur repas consistoit en oreilles de mer et en coquillages qu’ils font cuire sur le brasier. Ils firent goûter sans peine de leurs mets à ceux qui témoignèrent le desir d’en manger ; mais ils ne voulurent toucher à aucun des nôtres : leur répugnance n’a été sur­montée que pour accepter quelques pattes de homard, qui furent présentées à l’un d’eux par M. Ventenat ; cette nourriture sans apprêt leur étoit trop connue pour leur être suspecte. Ils témoignèrent le même éloignement pour les bois­sons qui leur furent offertes. Peut-être le souvenir de quelque fâcheux événement occasionné par des mets qui leur étoient inconnus, et qui leur avoient été présentés par des étrangers,

Tome I
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