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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/300

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VOYAGE


1793.
Février
sont, à leur égard, plus multipliées, et reviennent plus souvent que les témoignages d’amitié de leurs maris, il me paroît que l’une et l’autre femme ne peuvent que gagner à cette association.

La seconde entrevue se passa, ainsi que la première, avec tous les témoignages de la plus sincère cordialité : quoique le nombre des curieux fût plus considérable , les naturels ne témoignèrent aucune inquiétude. Il est vrai, et c'est une justice que je dois rendre aux équipages des deux frégates, que l’on évita avec soin ce qui pouvoit leur causer quelque ombrage : tous les matelots, à l’envi, se dépouil­lèrent de ce qu’ils avoient pour le leur donner.

10. Le 10, nous eûmes une troisième entrevue, qui confirma l’opinion que l’on s’étoit formée de ces hommes simples et bons, en qui l’on n’avoit aperçu aucun des vices que l’on reproche à tous les habitans du grand Océan. Il existoit entre eux et nous une telle familiarité, qu’ils assistoient à nos repas avec le même plaisir que nous marquions à être témoins des leurs ; mais, cette troisième fois, nous fûmes mieux servis par les circonstances , et nous vîmes la manière dont se fait la pêche qui fournit à leur subsistance. Le hasard fit aussi découvrir qu’ils mangent du goêmon ; car, voyant une des longues feuilles de cette plante marine entre les mains d’un des officiers, ils la prirent, la firent griller et la mangèrent. A l’heure destinée pour leur repas, les femmes allument le feu où doivent être cuits les alimens ; elles allument ensuite plusieurs autres feux moins considérables dans les