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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/299

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DE DENTRECASTEAUX.

1793.
Février
à lui, ainsi que leurs enfans. Les mêmes signes furent em­ployés pour lui demander s’il en usoit avec la même liberté à l’égard des autres femmes et de celles-ci : il rejeta cette idée avec horreur, en montrant les hommes à qui elles étoient unies. Ces mêmes familles, vues le lendemain par d’autres personnes, s’offrirent sous un point de vue différent de celui sous lequel on les avoit vues la veille ; et il fut impossible d’obtenir des éclaircissemens sur ce fait que je desirois cons­tater. Au reste, dans une peuplade aussi peu nombreuse, qui ne connoît d’autres lois que celles de la nature, la pluralité de femmes ne peut exister que passagèrement, et dans cer­taines circonstances ; elle doit avoir lieu quand le nombre des filles excède celui des garçons, parce que, dans cet état de nature, nul individu de l’un ou de l’autre sexe ne peut rester oisif : mais lorsque le nombre des uns et des autres est le même, un seul homme ne peut avoir plusieurs femmes, parce qu’il n’en jouiroit qu’au préjudice de quelque autre membre de la société.

On a cru remarquer que c’étoit aux deux hommes les plus robustes que cet excédant de femmes étoit tombé en partage : est-ce à raison de leur force ? est-ce un choix libre des femmes mêmes, ou une convention de la peuplade ? c’est ce dont on ne pouvoit être instruit que par un plus long séjour parmi eux. Peut-être seroit-on disposé à croire que la première femme doit être affligée de s'en voir associer une seconde, et que ce doit être un sujet de jalousie et de discorde dans le ménage : mais comme les fonctions pénibles

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