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DE DENTRECASTEAUX.

à une matière qui auroit une analogie directe avec le fluide 1791. Novembre. électrique. Sans vouloir décider entre ces deux opinions, qui me paroissent également bien fondées, je crois qu’il seroit facile de les concilier ; car c’est toujours pendant les nuits les plus orageuses, lorsque le temps est le plus chargé d’électricité, que la mer brille avec le plus d’éclat : il me paroît que les deux causes réunies peuvent contribuer à produire ces beaux effets de lumière dont les navigateurs sont souvent frappés. Si le fluide électrique n’a pas la propriété de donner seul un pareil éclat aux eaux de la mer, au moins doit-il avoir celle d’augmenter l’intensité de la lumière des substances animales, auxquelles plusieurs ont voulu attribuer exclusivement ce phénomène. Dans la nuit du 14 au 15 novembre, par 5° 30′ de latitude boréale et 18° 30′ de longitude à l’occident de Paris, l’effet en a été remarquable au moment où un orage, qui paroissoit devoir être très-violent, commença d’éclater. Toute la partie de la mer qui étoit agitée par le vent, jetoit une lumière resplendissante et formoit une nappe de feu qui s’approcha du vaisseau avec l’orage, et qui bientôt l’environna de toutes parts. L’éclat de cette lumière ne fut pas de longue durée ; mais le sillage du vaisseau, ainsi que les traces des poissons qui nageoient le long du bord, furent très-brillans toute la nuit : en général, son éclat m’a paru toujours plus vif par un temps orageux, lorsque l’atmosphère est chargée de fluide électrique, que dans les circonstances où elle en contient une moins grande quantité.

Le 22 novembre, nous trouvant entre les parallèles du 22.