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Page:Rossel - Voyage de Dentrecasteaux, envoyé à la recherche de La Pérouse.pdf/94

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VOYAGE

1792.
Janvier.
regretté qu’il n’y soit pas resté un jour de plus ; il auroit pu me donner lui-même des renseignemens, qui m’auroient déterminé sur le parti que j’avois à prendre. En effet, d’après les pièces officielles que j’avois entre les mains, son témoignage étoit le seul auquel je pusse déférer : mais malheureusement il est parti deux heures après mon arrivée.

J’ai cependant consulté des personnes qui s’etoient entretenues avec le commodore Hunter. Je me suis adressé à M.Rhénius, aux conseillers de la régence, et à M. Gordon, commandant des troupes, lesquels avoient été intimement liés avec lui : tous m’ont assuré qu’il avoit nié les bruits que les deux capitaines François avoient répandus à l’Ile-de-France, ainsi que les faits contenus dans les dépositions. Des témoignages aussi dignes de confiance auroient pu me déterminer à regarder comme fabuleux tout ce que les dépositions contenoient, et à continuer ma route, sans changer le plan de campagne qui m’avoit été prescrit par mes instructions. Mais la confiance quelles paroissoient avoir inspirée à M. de Saint-Félix et au gouverneur de l’Ile-de-France, qui s’étoient trouvés à portée de faire des questions aux deux capitaines venus de Batavia, et avoient pu juger de leurs réponses, me fit craindre de paroître m’être décidé trop légèrement sur un objet aussi important, d’où pouvoit dépendre l’existence de plusieurs de nos compatriotes, peut-être en proie au malheur le plus affreux. La connoissance de ces rapports avoit pu faire concevoir des espérances que l’on pouvoit croire fondées ; et je craignois qu’on me reprochât