Page:Rostand - Chantecler.djvu/129

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CHANTECLER, d’une voix de commandement.

Horizon ! reprenez, à mes cocoricos,
Vos lignes de petits peupliers verticaux !

LA FAISANE, penchée sur la vallée.

On voit sortir de l’ombre un monde que tu crées !

CHANTECLER.

Je te fais assister à des choses sacrées.
— Collines des lointains, précisez vos contours ! —
Faisane, m’aimez-vous ?

LA FAISANE.

Faisane, m’aimez-vous ? Nous aimerons toujours
Être dans le secret des Éveilleurs d’Aurore !

CHANTECLER.

Tu me fais mieux chanter. Viens plus près. Collabore.

LA FAISANE, bondissant près de lui.

Je t’aime !

CHANTECLER.

Je t’aime ! Oui ! tous les mots que tu me dis tout bas
Deviennent aussitôt plus de soleil là-bas !

LA FAISANE.

Je t’aime !

CHANTECLER.

Je t’aime ! Et si tu dis seulement : « Je t’adore ! »
Je vais dorer d’un coup la montagne !

LA FAISANE., hors d’elle.

Je vais dorer d’un coup la montagne ! Eh bien… dore !

CHANTECLER, lançant son cri le plus éclatant.

Cocorico !

La montagne s’est dorée.
LA FAISANE, montrant les collines qui restent violettes

Cocorico ! Mais les coteaux ?

CHANTECLER.

Cocorico ! Mais les coteaux ? Chacun son tour !
C’est aux cimes d’abord de recevoir le jour !