Page:Rostand - Chantecler.djvu/209

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Ah ! tu veux l’imiter, ce fou qui fait des niches,
Mais de l’Arc de Triomphe habite les corniches
Et les trous de la barricade ?… le Moineau
Qui peut être sublime en répondant : « Guano ! »
Qui chante sous le plomb et rit devant la broche ?
Il faut savoir mourir pour s’appeler Gavroche !
Mais vous qui, sans gaîté parce que sans amour,
Vous êtes figuré que la mauvaise humour
Peut remplacer la bonne humeur, et qu’on détrône
Le pierrot lorsqu’on n’est qu’un nègre qui rit jaune,
Et que nous confondrons, ô lourdauds sautillants,
Vos mots d’esprit qui sont des éteignoirs brillants
Avec ces traits du cœur qui sont des étincelles,
Vous pouvez vous fouiller — si vous avez des ailes !

LA PINTADE, qui approuve tout ce qui se dit à son jour.

Ah ! très bien !

UN POULET, au Merle interdit.

Ah ! très bien ! Tu vas te venger ?

LE MERLE, prudemment.

Ah ! très bien ! Tu vas te venger ? Sur le Dindon !

À ce moment, UNE VOIX appelle :

Petits ! petits ! petits !

Et tous les Coqs de luxe, s’élançant vers l’irrésistible voix de la pâture, sortent en bousculade.
LA PINTADE, courant après eux.

Petits ! petits ! petits ! Vous partez ?

UN PADOUE, resté le dernier.

Petits ! petits ! petits ! Vous partez ? Oui… pardon…

Il s’éclipse.
LA PINTADE, au milieu du brouhaha.

On part ! C’est le départ !

CHANTECLER, à la Faisane.

On part ! C’est le départ ! Viens, ma Faisane fauve !