Page:Rostand - Chantecler.djvu/257

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PIVERT, chantant.

L’air est bleu !

UN CORBEAU, passe en croassant.

L’air est bleu ! Le jour croît !

LA FAISANE.

L’air est bleu ! Le jour croît ! Tout s’éveille à l’entour…

TOUS LES OISEAUX, se réveillant dans la feuillée.

Bonjour ! Bonjour ! Bonjour ! Bonjour ! Bonjour ! Bonjour !

LA FAISANE.

Tout chante…

UN GEAI, passant comme un éclair bleu.

Tout chante… Ha ! Ha !

LE PIVERT, hochant la tête.

Tout chante… Ha ! Ha ! Ce Geai rit d’un rire homérique !

LA FAISANE, criant au milieu de toutes les rumeurs matinales

Qu’il vive !

LE GEAI, repassant.

Qu’il vive ! Ha ! Ha !

UN COUCOU, au loin.

Qu’il vive ! Ha ! Ha ! Coucou !

LA FAISANE.

Qu’il vive ! Ha ! Ha ! Coucou ! Moi, j’abdique !

PATOU, levant les yeux au ciel.

Qu’il vive ! Ha ! Ha ! Coucou ! Moi, j’abdique ! Elle abdique !

LA FAISANE.

Lumière à qui j’osai le disputer, pardon !
Éblouis l’œil cruel qui cherche le guidon !
Et que ce soit, Rayons du matin, la victoire
De votre poudre d’or…

Une détonation. Elle pousse un cri bref.

De votre poudre d’or… Ah !

Puis achève d’une voix éteinte :

De votre poudre d’or… Ah ! …sur leur poudre noire !

Silence.