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Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/118

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Roxane.

Mais ils montent bien mieux depuis quelques instants.

Cyrano.

De cette gymnastique, ils ont pris l’habitude !

Roxane.

Je vous parle en effet d’une vraie altitude !

Cyrano.

Certe, et vous me tueriez si de cette hauteur
Vous me laissiez tomber un mot dur sur le cœur !

Roxane, avec un mouvement.

Je descends !

Cyrano, vivement.

Je descends !Non !

Roxane, lui montrant le banc qui est sous le balcon.

Je descends !Non !Grimpez sur le banc, alors, vite !

Cyrano, reculant avec effroi dans la nuit.

Non !

Roxane.

Non !Comment… non ?

Cyrano, que l’émotion gagne de plus en plus.

Non !Comment… non ?Laissez un peu que l’on profite…
De cette occasion qui s’offre… de pouvoir
Se parler doucement, sans se voir.

Roxane.

Se parler doucement, sans se voir.Sans se voir ?

Cyrano.

Mais oui, c’est adorable. On se devine à peine.
Vous voyez la noirceur d’un long manteau qui traîne,
J’aperçois la blancheur d’une robe d’été :
Moi je ne suis qu’une ombre, et vous qu’une clarté !
Vous ignorez pour moi ce que sont ces minutes !
Si quelquefois je fus éloquent…

Roxane.

Si quelquefois je fus éloquent…Vous le fûtes !