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58 LE CANTIQUE DE L AILE.

Et tout s’est bien passé. Malgré l’enthousiasme, La foule au bon sens fin et clair, Sachant qu’un autre cri serait un pléonasme, N’a crié que : Vive Krüger !

Oui, tout cela fut beau, ces villes pavoisées, Ces musiques, ces fleurs, ces cris, Ces femmes agitant des mouchoirs aux croisées, Et ce formidable Paris !

Tout cela fut très beau ; mais, malgré moi, je songe, Je songe avec le cœur crevé, Que le seul cri possible à pousser sans mensonge, C’est celui qu’un homme a trouvé.

Lorsque Krüger passa dans Marseille en délire, Un homme, au bout d’un long bâton, Portait une pancarte où chacun pouvait lire : « Pardon pour l’Europe ! » — Oui, pardon…

Pardon, pardon, Krüger ! Ce que cet anonyme Sur sa pancarte avait écrit, Le peuple tout entier, conscient du grand crime, En aurait dû faire son cri !