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Page:Rostand - Le Cantique de l’aile, 1922.djvu/69

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À KRÜGER. 59

Oui, tous, pensant aux morts, à De Wet qui galope Seul contre cent, dans le brouillard, Tous n’auraient dû crier que : Pardon pour l’Europe ! Pardon pour l’Europe, Vieillard !

Ardemment, sombrement, sans fleurs, sans banderoles, Et sans chapeaux prenant leur vol, Tous n’auraient dû crier que ces seules paroles : Pardon pour l’Europe, Oncle Paul !

Pardon pour cette horrible Europe qui commence À confesser sa trahison, Et qui, frappant son cœur, c’est-à-dire la France, Commence à demander pardon !

Pardon pour cette Europe aux âmes peu sublimes Qui, de ses yeux indifférents Ayant considéré d’abord les petits crimes, Finit par permettre les grands !

Pardon pour cette Europe effroyable qui laisse Opprimer les faibles toujours, Tuer les Arméniens, assassiner la Grèce, Et massacrer les pauvres Boers !