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XI

FABRE-DES-INSECTES


I

Sachant que l’humble arpent d’un jardinet claustral
Contient plus de secrets qu’un mortel n’en pénètre,
Il vit seul comme un pâtre et pauvre comme un prêtre,
Et d’un grand feutre noir coiffé comme Mistral.

C’est un homme incliné, modeste et magistral,
Qui plus qu’un monde au loin cherche à ses pieds un être,
Et qui, ne regardant que ce qu’on peut connaître,
Préfère un carré d’herbe à tout le ciel astral.

Pensif, — car dans ses doigts il a tenu des ailes, —
Poursuivant les honneurs moins que les sauterelles,
— Les sommets rêvent-ils d’être des sommités ? —

Il nous offre une vie égale aux fiers poèmes,
Et des livres qu’un jour il faudra que ceux mêmes
Feignent de découvrir, qui les ont imités.