Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/18

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Si je suis seulement de taille
À me mêler aux combattants ;
— Dans ce matin de la bataille
Où vont se ruer mes vingt ans,

Je pense à vous, ô pauvres hères !
À vous dont peut-être, ce soir,
Je partagerai les misères,
Parmi lesquels j’irai m’asseoir ;

Et très longuement j’envisage,
Pour bien voir si j’ai le cœur fort,
Pour m’assurer de mon courage,
La tristesse de votre sort.

Si j’étais, par le ridicule
Qu’on vous jette, mis en émoi,
Il est toujours temps qu’on recule :
Mieux me vaudrait rentrer chez moi.

Mais non pas ! car je veux la lutte.
Et votre fortune n’a rien
Qui me répugne ou me rebute.
Même je la préfère bien