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Leurs rêves et leurs esthétiques !
Laissez-nous poursuivre à l’écart
Notre amoureuse musardise ;
Pour tout ce qui n’est pas de l’art
Nous sommes pleins de balourdise ;
Nous sommes inintelligents
Hors de nos vers… Qu’on nous pardonne,
Nous sommes de bien douces gens
Qui ne faisons mal à personne !

Sans savoir compter jusqu’à trois
Nous nous en allons dans la vie ;
Nous sommes des esprits étroits
Qui n’avons qu’une seule envie.
Et nous fuyons dans nos jardins
Les contacts blessants du vulgaire,
Lui rendant dédains pour dédains…
Mais ne lui cherchant pas la guerre !
Aussi, daignez être indulgents
Au songe-creux qui déraisonne…
Nous sommes de bien douces gens
Qui ne faisons mal à personne !

Février 1888.