Page:Rostand - Les Romanesques, Charpentier et Fasquelle, 1911.djvu/147

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Eh bien ! Sylvette, eh bien, ma petite, — comment !
Vous appeliez tantôt à grands cris le roman,
Et, le roman venu, vous n’êtes pas contente ?…
Oh ! la serge, l’exil, les étoiles, la tente !…
Non, c’est trop !… Du roman, j’en voulais bien un peu,
Comme on met du laurier dedans le pot-au-feu !…
Mais c’est trop ! Je ne puis supporter ces secousses.
Je me contenterais d’émotions plus douces…

Le crépuscule violit vaguement le parc. Elle reprend son voile laissé sur le banc, s’en couvre la tête et les épaules, et, rêveuse :

Qui sait si ?…

Percinet paraît. Il est en haillons, le bras en écharpe, se traîne à peine. Un feutre d’où pend, lamentable, une plume cassée, cache ses traits.

Scène IV

Sylvette, Percinet.
Percinet, pas encore vu de Sylvette.

Qui sait si ?…Je n’ai rien mangé depuis hier,
Je tombe de fatigue, — et je ne suis pas fier.
La fâcheuse équipée !… Ah ! j’en ai vu de dures !
Ce n’est pas amusant du tout, les aventures !

Il s’affaisse sur le mur. Son chapeau tombe et découvre sa figure. Sylvette l’aperçoit.