Page:Rostand - Les Romanesques, Charpentier et Fasquelle, 1911.djvu/75

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Bergamin.

Vous avez bien vos tics… Moi ?Vous vous dandinez,
Vous reniflez sans fin, Roi des Enchifrenés,
Le nez toujours noirci d’un vain sternutatoire,
Vous contez six-vingts fois par jour la même histoire

Pasquinot, qui, assis, jambes croisées, balance son pied.

Mais…

Bergamin.

Mais…Vous ne pouvez pas un instant vous asseoir
Sans balancer le pied comme un gros encensoir ;
À table, vous roulez votre mie en boulettes…
Maniaque, mon cher, ah ! non, ce que vous l’êtes !

Pasquinot.

Oui, comme maintenant on s’ennuie à moisir,
De m’inventorier vous avez le loisir ;
Vous dénombrez mes tics, vous en dressez la liste,
Mais la vie en commun, cette grande oculiste,
Me désaveugle aussi ! Je vous vois ladre, faux,
Égoïste, et chacun de vos menus défauts
Grossit, — comme la mouche amusante et gentille
Devient un monstre affreux, Monsieur, sous la lentille.