Page:Rouché - L’Art théâtral moderne, 1910.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE THÉÂTRE RUSSE 33

schématisant le mouvement des lignes, œuvre du régisseur ; une esquisse des décors, en couleurs, œuvre du décorateur. C’était amplement suffisant pour passer à l’aménagement de la scène, sans avoir besoin de construire et d’étudier des maquettes. Du travail compliqué et ennuyeux des petits décors en carton, on ne retirera qu’un enseignement : s’il était si compli- qué, la scène l'était bien davantage. « Ayant en main les maquettes, nous tenions le théâtre contemporain. Nous vou- lions les brûler et les piétiner ; c’est que nous nous préparions déjà à brûler et à piétiner les traditions surannées du théâtre naturaliste », ont écrit les rénovateurs. La synthétisation, la simplification furent inaugurées pour la mise en scène de Crampton. Le premier acte se passait dans un atelier de peintre. Au lieu de représenter dans tous ses détails un atelier, le décor n’en figurait que les traits essentiels. Une grande toile, cachant le milieu de la scène, attirait l’attention du spectateur ; mais pour qu’un tableau aussi grand ne l’intéressât par son sujet, un coin seule- ment était achevé ; le reste tracé au fusain d’une main négligente. Le bord de la fenêtre supérieure révélait un pan de ciel bleu ; une échelle, une grande table, des études jetées en désordre çà et là. C’était tout. « L'OISEAU BLEU ».'L EAU. — DESSIN DE V.-E. EGOROF. Une des grandes préoccupations des metteurs en scène fut, en outre, le style. Ce n’est pas la reproduction exacte du style d’une époque ou d’un phénomène donné que fait le photographe. A la conception du style, s’associent indissolublement les circonstances, les généralisations et le symbole. « Styliser » une époque ou un phénomène.