Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/167

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empire du jour prolongent les instans.
Mais la terre en reçoit un don plus cher encore.
Quand de leurs feux amis l’Olympe se décore,
L’homme, que la douleur traînoit vers le tombeau,
Voit de ses jours mourans ranimer le flambeau :
Son sang se renouvelle ; et son ame ravie
Bénit le mois des fleurs qui le rend à la vie.
Je l’ai goûté jadis le bonheur d’échapper
Aux horreurs de la mort : sa faulx m’alloit frapper ;
C’étoit, il m’en souvient, aux jours de mon bel âge.
Impatient de voir renaître le feuillage,
Et six mois à regret d’aiguevive exilé,
J’y volois, par l’amour et zéphyr rappellé.
La fièvre tout-à-coup dans mes veines s’allume ;
De ses feux inégaux la fièvre me consume.
Aux enfans de Chiron mes larmes ont recours ;
Ils ne m’offroient, hélas ! Qu’un stérile secours.
Je vis la tombe ouverte, et d’horreur l’ame atteinte,
Je m’écriai, poussant une voix presqu’éteinte :
« Ô mort, suspends tes coups ! ô mort, éloigne-toi !