Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/169

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jamais brillé si pur, si radieux.
Mon père ; il me sembloit plus sensible et plus tendre.
Mon ami ; j’aimois plus à le voir, à l’entendre :
Et l’asyle champêtre, où m’accueillit l’amour,
Pour moi, d’un long printems, ne fit qu’un heureux jour.
C’est alors que j’appris à mieux voir la campagne.
C’est alors qu’appuyé sur ma belle compagne,
Je connus, je goûtai tout ce que les oiseaux,
Les bois touffus, coupés par de limpides eaux,
Les grottes, les gazons, le parfum des prairies
Inspirent aux amans de douces rêveries.
Je dois à ces plaisirs si purs et si touchans
Mon génie, amoureux du théâtre des champs ;
La sensibilité, que nourrit la retraite :
En me faisant plus tendre, ils m’ont créé poëte.
Goûts chers à ma jeunesse, ah ! Renaissez en moi,
Renaissez ; je me livre à votre douce loi :
Présidez à mes vers, que la grâce y respire.
Flore m’appelle encor dans son riant empire.
J’y rentre ; et ce bosquet, à mon oeil enchanté,