Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/218

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tes bienfaits en orgueilleuse épouse.
Jardins parés de fleurs et prodigues d’encens,
Humides prés, vêtus de gazons verdissans,
Vastes forêts, vergers où Pomone respire,
Plaines, qui de Cérès forment le riche empire,
Côteaux chers à Bacchus, tout germe à ta chaleur ;
Ta flamme leur départ la vie et la couleur,
Tandis que de leurs flancs, une mort éternelle
Glaceroit, sans tes feux, la vigueur maternelle.
Pour toi, rien ne ternit ton antique splendeur ;
Tu ne vieillis jamais : non, soleil, ton ardeur,
Du tems qui détruit tout, n’a point senti l’atteinte.
Cent trônes renversés pleurent leur gloire éteinte.
Là, tu vis dans la flamme Ilion s’engloutir ;
Ici, gît au tombeau le cadavre de Tyr ;
Là Rome des césars a passé comme une ombre ;
Les peuples et les jours s’écouleront sans nombre :
Toi seul, au haut des airs, victorieux du tems,
Tu contemples en paix ses débris éclatans.
Tes temples sont tombés, et le dieu vit encore.
Ce colosse n’est plus, qui du fils de l’aurore,