Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/242

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Il est pourtant des lieux, dont les fêtes agrestes
De ces jours fortunés offrent encor les restes.
Inspirés par un ciel, où couronné d’azur,
Souvent, durant six mois, rayonne un soleil pur,
Les bergers de Sicile et de l’Occitanie,
Sans étude, sans art formés à l’harmonie,
Cadancent quelques vers, fruits de leurs doux loisirs,
Et jouissent encor en chantant leurs plaisirs.
J’ai vu, dans mon printems ces fêtes bocagères ;
J’associois ma voix à la voix des bergères.
Au bruit du tambourin, nous dansions sous l’ormeau ;
Vieux témoin des amours et des jeux du hameau :
Et quoiqu’aux plus doux feux mon ame encor fermée
Ignorât le bonheur d’aimer et d’être aimée,
Souvent d’un trouble vague, en écoutant ces airs,
Je me sentois ému ; j’allois aux bois déserts :
Je rêvois aux bergers, à leurs tendres compagnes,
Et redisois leurs vers à l’écho des montagnes.
Hélas ! Que n’ai-je pu, plaisirs de mes beaux jours,
Ou ne vous point connoître, ou vous goûter toujours !