Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/280

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D’un déluge de flamme assiège ces déserts :
La masse inébranlable insulte au roi des airs.
Mais trop souvent la nège arrachée à leur cime
Roule en bloc bondissant, court d’abyme en abyme,
Gronde comme un tonnerre, et grossissant toujours
À travers les rochers fracassés dans son cours,
Tombe dans les vallons, s’y brise, et des campagnes
Remonte en brume épaisse au sommet des montagnes.
Si je quitte ces lieux, si je vole aux climats,
Que jamais n’ont blanchis la glace et les frimats,
À mes regards encor ce mois offre en spectacle
Le Nil, qui fuit sa rive et roule sans obstacle.
Ce fleuve, qui long tems nous cela son berceau,
Échappé de Goyame en rapide ruisseau,
Du vaste Dambéa traverse le domaine.
Sous des isles sans nombre il recourbe, il promène
Ses flots purs, couronnés de lauriers toujours verds.
Bientôt devenu roi de vingt fleuves divers,
Entraînant avec lui leurs ondes tributaires,
Par de puissans états, par des lieux solitaires,