Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/285

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Qu’ils volent à travers une mer de glaçons
Combattre et déchirer les monstrueux poissons,
Que l’océan du nord voit bondir sur son onde.
Ces monstres, relegués aux limites du monde,
À peine ont découvert à l’oeil des matelots
La masse de leurs corps allongés sur les flots,
Que s’élançant vers eux sur un bateau fragile,
L’intrepide nocher vogue d’un cours agile,
Se place sur la poupe, et d’un bras assuré
Au monstre plus voisin pousse un dard acéré.
Le féroce animal, que la rage transporte,
Pousse un long meuglement ; il s’échappe, il emporte
Avec lui sous les flots le trait qui l’a percé :
L’onde fume du sang de la plaie élancé.
Envain pour échapper au fer qui le tourmente,
Il remonte à grand bruit sur la vague écumante ;
Envain pour respirer, par ses doubles évents,
Il vomit l’onde amère et repousse les vents
La baleine, et de force et de sang épuisée,
Livre à ses ennemis une conquête aisée.