Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Les barbares, en foule autour d’elle assemblés,
Lui déchirent les flancs de harpons redoublés.
Elle meurt. Acharnés sur ce monstre sauvage,
Par des chaînes de fer on le traîne au rivage :
Tout mort qu’il est, sa vue inspire encor l’horreur.
Tel étoit ce python, qui, gonflé de fureur,
Rouloit son vaste corps dans la fange croupie,
Quand l’onde vengeresse eût noyé l’homme impie.
Vous cependant, nochers, dont ces reines des eaux
Ont d’une proie immense enrichi les vaisseaux,
Revenez, hâtez-vous ; craignez que la gelée
Ne hérisse la mer de glace emmoncelée.
Le midi vous rappelle ; il attend que vos mâts
Lui portent les trésors des sauvages climats.
Mais ces fanons grossiers, qui retiendroient captive
Et l’aimable jeunesse et l’enfance plaintive ;
Ah ! Rendez à la mer ce butin malheureux :
Nous n’avons su que trop, par un art désastreux,
En former des prisons, où notre extravagance