Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/341

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Triomphe de génie et de paix ! Il efface
Tous ceux qui de la terre ont désolé la face.
Eh ! Que sont près de toi les plus fiers conquérans ?
Si leur course imita le fracas des torrens,
Ils s’écoulent de même ; et morts, il ne leur reste
Qu’un vain tombeau, chargé d’un nom que l’on déteste ?
Qu’ont-ils fait d’étonnant, ces ravageurs fameux ?
Ce que d’autres encor peuvent faire comme eux.
Le premier roi brigand, dont l’inquiète rage
Voudra se décorer du beau nom de courage,
Va marcher en héros, par cent exploits divers,
Sur ce globe, perdu dans le vaste univers :
Mais Newton règne seul sur des globes sans nombre.
Oui : ces feux, que la nuit voit briller dans son ombre,
Sont autant de témoins, qui parlent à nos yeux
Du sage, devant qui s’ouvrirent tous les cieux.

Astres, qui si souvent éclairâtes ses veilles !
Si je n’ai pu le suivre et sonder vos merveilles,
Mon oeil ravi dumoins vous contemple, et je sais
Bénir les douces nuits, que vous embellissez.

Heureux, qui peut alors errer dans les campagnes !