Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/358

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La reçoit dans sa cour au doux bruit de leurs chants,
Et pour fêter comme eux le mois de l’abondance,
Suivi de ses enfans, il se mêle à la danse.
Son épouse l’imite, et vole sur ses pas.
À la danse bientôt succède un long repas.
Là, chacun d’un vin pur rougit sa large coupe.
Le maître, assis en père au milieu de la troupe,
Fait revivre pour eux les jours du siècle d’or,
Siècle, où l’orgueil des rangs n’existoit pas encor.
L’immortelle Rhéa, dont la douce puissance
De cet âge enchanté nourrissoit l’innocence,
Mais qui, chassée enfin par nos lâches forfaits,
Loin de nous avec elle emporta ses bienfaits,
Rhéa, du haut des cieux qu’embellit sa présence,
Jette sur les hameaux un oeil de complaisance,
Sourit à la concorde, et montrant aux humains
L’épi mystérieux qui brille dans ses mains,
Annonce que les airs, sur leur voûte enflammée,
N’entendront plus rugir le lion de Némée,
Que dans ses premiers fers son vainqueur l’a remis,
Et qu’un nouveau printems à la terre est promis.