Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/37

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Dédaigna le premier les natives moissons,
Et broya sous ses dents, par la rage égarées,
Les chairs de sa victime en festin préparées !
Hélas ! Depuis ce jour l’homme s’est fait au sang.
Le plus fort du plus foible a déchiré le flanc ;
La discorde a semé la haine, les allarmes,
Et la tendre pitié s’est endurcie aux larmes.
Ah ! S’il faut qu’aujourd’hui ne soient plus révérés
Du sage de Samos les principes sacrés,
S’il faut de notre goût réveiller la paresse
Par des mets, qu’assaisonne une fatale adresse,
Du moins, n’insultons pas aux brames innocens,
Qui du boeuf, du taureau maîtres reconnoissans,
Laissent, exempte enfin des soins du labourage,
Leur vieillesse expirer en un gras pâturage :
Doux repos, douce mort, qu’ils ont bien mérités.
Dans nos champs, en ce mois, voyez de tous côtés
Ces animaux, fumans de sueur, de poussière,
Ouvrir et renverser la glèbe nourricière ;
Cependant que leur guide, au chant vif et joyeux