Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La peinture ait appris le secret des couleurs.
Cet art, qui maintenant sous sa touche savante,
Par des sucs nuancés rend la toile vivante,
N’eut d’abord, pour former quelques traits indécis,
Que la craie, et les bois dans la flamme noircis.
L’amoureux Pauzias, rival de la nature,
Créa du coloris la magique imposture.
Un jour que de Glycère accusant les mépris,
Il exhaloit sa plainte au temple de Cypris,
On dit qu’à ses regards l’indulgente immortelle
Apparut, lui sourit : "contemple, lui dit-elle,
Autour de mon autel ce frais tissu de fleurs.
Que ta main sur la toile en fixe les couleurs ;
Reviens m’en faire hommage : et le coeur de Glycère
De ton art aggrandi sera le doux salaire ".
Dans l’oeil de Pauzias, la déesse à l’instant
Imprima du génie un rayon éclatant.
Plein d’un feu créateur il sort, trace, colore
D’un rapide pinceau les dons rians de Flore,
Et les porte aux autels, où Glycère à son tour
Doit offrir des bouquets à la mère d’amour.