Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/100

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Glycère arrive, approche : ô surprise inouie !
Elle voit près du lys la rose épanouie.
"Eh ! Quelle main, dit-elle, a d’un art délicat,
En imitant ces fleurs, reproduit leur éclat ? "
Le jeune artiste alors brûlant d’espoir s’élance,
Tombe aux pieds de Glycère, et rompant le silence :
"C’est moi, moi qui jaloux d’obtenir un regard,
Pour vous ai reculé les bornes de mon art.
Vos bouquets, des couleurs m’ont appris l’harmonie ;
J’aimois : à mon amour je dois tout mon génie. "
Ces mots, qui de Glycère ont chatouillé l’orgueil,
Changent en doux regards la fierté de son oeil ;
Un souris la trahit : et sa bouche elle-même
Presque sans son aveu prononce : je vous aime.
Vous donc, qui décorez ce théâtre inconstant,
Où l’homme ainsi que vous ne brille qu’un instant,
Belles fleurs, égayez nos fêtes bocagères.
Vous êtes l’ornement des modestes bergères,
Celle, qui de l’hymen va prononcer les voeux,
D’une fleur veut au moins embellir ses cheveux.
La compagne des rois vous mêle à sa couronne.