Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/10

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Et la prune mielleuse et la poire fondante
De Zilla qui balance appellent l’oeil ravi.
Son choix va se fixer sur le brillant pavi ;
Mais l’orange a montré l’or pur qui la décore ;
Et flottante en son choix, Zilla balance encore.
Quand soudain plus heureux, l’arbre dont l’ornement
Fut des premiers humains le premier vêtement,
Lui qui des vents du nord trop aisément s’offense,
Et qui pourtant, facile aux jeux de mon enfance,
Dans les champs paternels me pardonnoit l’affront,
Dont mes bras pétulans déshonoroient son front,
Le figuier se présente, et sa tige effeuillée
Est enfin, par Zilla, de ses fruits dépouillée.
Zilla sort ; elle vole aux champs, où le noyer
En immenses rameaux aime à se déployer :
Et moi, d’une forêt je perce la retraite.
Dieux ! Avec quel plaisir je vois sous la coudrette
Bergères et pasteurs rassemblés deux à deux !
Ils ébranlent l’arbuste ; et l’arbuste autour d’eux,
Dégageant son fruit mûr de sa cosse brisée,
Verse sur les gazons sa richesse bronzée.