Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Je conçois son chagrin. Si trahissant ma flamme,
Zilla, comme Myrthé, pour un autre s’enflamme,
Je me connois : mes jours, flétris par la douleur,
Expireroient bientôt desséchés dans leur fleur.
Mais non, non ; dans les noeuds d’un amour légitime
Je repose sans crainte, appuyé sur l’estime :
Myrthé, comme Zilla, ne m’a jamais aimé.
C’est pour moi qu’aux doux feux du printems ranimé,
Zilla tresse en festons les richesses de Flore ;
Pour moi, dans les jardins que Vertumne colore,
Aujourd’hui frédonnant une douce chanson,
Elle va de nos fruits recueillir la moisson.
À payer son tribut chaque arbuste est fidèle :
Chaque arbuste à l’envi s’inclinant autour d’elle,
À la main de Zilla veut s’offrir le premier.
Les globes suspendus aux rameaux du pommier,
Ceux, de qui l’enveloppe et fraiche et veloutée
Recèle une liqueur des persans redoutée,
Ceux qui du grenadier étalant les rubis,
En mêlent l’incarnat au verd de ses habits,
Mille autres colorés par la saison ardente,