Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/136

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Déjà même ils ont fui. Chaque instant voit s’accroître
La langueur du soleil, qu’à replis onduleux,
Embrasse tout entier un voile nébuleux.
L’automne touche enfin à son terme ; et la terre,
Inféconde à regret, se durcit, se resserre :
Aux germes créateurs les vents ferment son sein.
Et cependant, vers nous s’avancent par essaim
Les oiseaux voyageurs, qui nés sous l’oeil de l’ourse,
Loin d’elle tous les ans précipitent leur course
Prudemment déserteurs de leurs tristes climats,
Ils cherchent sur nos bords de moins rudes frimats.
Ils y remplaceront ce peuple d’hirondelles,
Qui, des jours printanniers les compagnes fidèles,
Près du Nil, du Gambra, du Tygre et de l’Indus,
Retrouvent les zéphyrs que nous avons perdus.
Ces oiseaux, il est vrai, plus fièrement sauvages
Que ceux, dont le printems égayoit nos rivages,
Ne feront point ouïr au silence des bois
Les soupirs cadencés d’une amoureuse voix.
Âpre comme l’hyver, qui les suit à la trace,
Leur chant n’est qu’un long cri sans