Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/145

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course déjà de l’aquilon rivale
Entre l’armée et lui laisse un vaste intervalle :
Mais les chiens plus ardens, vers la terre inclinés,
Dévorans les esprits de son corps émanés,
Demeurent sans repos attachés à sa trace ;
Ils courent. L’animal, ô nouvelle disgrace !
L’animal est surpris en un fort écarté.
Moins confiant alors en son agilité,
Par la feinte et la ruse il défend sa foiblesse ;
Sur lui-même trois fois il tourne avec souplesse,
Ou cherche un jeune cerf, de sa vieillesse ami,
Et l’expose en sa place à l’oeil de l’ennemi.
Mais la brûlante odeur des esprits qu’il envoie,
Conductrice des chiens les ramène à sa voie.
C’est alors qu’il bondit et veut franchir les airs ;
Sa trace est reconnue : enfin dans ces déserts,
Contre tant d’ennemis ne trouvant plus d’asyle,
Le roi de la forêt à jamais s’en exile.
Il ne reverra plus ce spacieux séjour,
Où vingt jeunes rivaux vaincus en un seul jour
Laissoient à ses plaisirs une vaste carrière :