Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/146

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Il franchit, n’osant plus regarder en arrière,
Il franchit les fossés, les palis et les ponts
Et les murs et les champs et les bois et les monts.
Tout fumant de sueur, près d’un fleuve il arrive,
Et la meute avec lui déjà touche à la rive.
Le premier dans les flots il s’élance à leurs yeux.
Avec des heurlemens les chiens plus furieux,
Trempés de leur écume, affamés de carnage,
Se plongent dans le fleuve, et l’ouvrent à la nage.
Cependant un nocher devance leur abord ;
Et tandis que sa nef les porte à l’autre bord,
L’infortuné, poussant une pénible haleine,
Et glacé par le froid de la liquide plaine,
Vogue, franchit le fleuve, et de l’onde sorti
Fuit encor, de chasseurs et de chiens investi.
Sa force enfin trompant son courage, il s’arrête ;
Il tombe : le cor sonne, et sa mort qui s’apprête
L’enflammant de fureur, l’animal aux abois
Se montre digne encor de l’empire des bois.
Il combat de la tête, il couvre de blessures