Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/148

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Oui, belles ; l’appareil de nos sanglantes armes
Vous ravit et la grâce et cet air de candeur,
Qui dans votre oeil modeste anime la pudeur.
Ah ! D’un glaive jamais ne paroissez armées ;
Pour des combats plus doux l’amour vous a formées.
Il veut, pour nous charmer, qu’un simple vêtement
Sur vos corps délicats flotte négligemment ;
Qu’un luth, à votre gré, s’irrite ou s’attendrisse ;
Que la rose en bouton sous vos pinceaux fleurisse ;
Que vos doigts, conduisans l’aiguille de Pallas,
Unissent sur la toile Elmire à son Hylas ;
Que votre pié, fidèle aux loix de la cadence,
Suspende et tour-à-tour précipite la danse ;
Et que vos belles mains nourricières des fleurs,
L’hyver, sous vos lambris, cultivent leurs couleurs.
Il exige sur-tout qu’amantes enflammées,
Vous sentiez, vous goûtiez le plaisir d’être aimées ;
Qu’écartant loin de vous toute frivolité,
Vous ne voliez jamais à l’infidélité ;
Que l’aimable enjoûment respire sur vos traces ;