Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/147

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L’aboyant ennemi, dont il sent les morsures.
Mais il resiste en vain ; hélas ! Trop convaincu
Que foible, languissant, de fatigue vaincu,
Il ne peut inspirer que de vaines allarmes,
Pour fléchir son vainqueur il a recours aux larmes ;
Ses larmes ne sauroient adoucir son vainqueur.
Il détourne les yeux, se cache ; et le piqueur
Impitoyable, et sourd aux longs soupirs qu’il traîne,
Le perçant d’un poignard, ensanglante l’arène.
Il expire ; et les cors célèbrent son trépas.
À leur voix éclatante accourez à grands pas,
Vous, enfans des héros, vous, qui nés pour la gloire,
Devez de flots de sang acheter la victoire :
De vos cruels emplois venez prendre les moeurs.
Mais toi, fait pour dompter nos sauvages humeurs,
Beau sexe, à qui les cieux donnèrent en partage
La grâce, et la pitié ton plus doux avantage,
Va, fuis, éloigne toi : que jamais les forêts
Sous les habits de Mars ne m’offrent tes attraits ;
Sous les habits de Mars Vénus a moins de charmes.