Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Leurs yeux sur vous fixés cherchoient avidement
Le gui, de vos rameaux parasite ornement,
Certains que le pouvoir d’Hésus et de Mercure
Attachoit le bonheur à cette plante obscure.
Frappoit-elle leurs yeux ? Tout-à-coup mille voix
Remplissoient d’un seul cri la profondeur des bois.
Cependant le respect ramenant le silence,
La serpette à la main, le grand-prêtre s’élance,
Adore et fait tomber le céleste présent,
Déjà sur un autel à tous les yeux présent.
"Grands dieux ! S’écrie alors le pontife-monarque,
Grands dieux ! De vos bontés nous adorons la marque.
Que ce fruit, sous nos toîts saintement transporté,
En écarte l’horreur de la stérilité ;
Que l’hymen vénérable, amoureux de ses chaînes,
Surpasse en rejettons les rameaux de nos chênes,
Et que leurs troncs noueux, tous les ans plus épais,
Vieillissent avec nous dans une longue paix. "
Il se tait, et poursuit les augustes mystères.
Tels furent nos ayeux dans leur bois solitaires.