Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Qu’il se plaigne celui que l’indigence opprime ;
C’est pour lui que l’hyver est âpre et sans pitié.
Sous un toît ruineux qui les couvre à moitié,
Voyez transir de froid, languir sans nourriture
Ceux, qui dans vos sillons fécondoient la nature.
Et, quoi donc ! Leurs sueurs, les efforts de leurs bras
N’auroient-ils fait de vous que de riches ingrats ?
Non, non : par des bienfaits montrez-vous équitables,
Que l’or prenne en vos mains des aîles charitables,
Qu’il cherche l’indigent, et que dans vos hameaux,
L’appellant au travail, il soulage ses maux.
N’aguères je voyois près des champs, ou l’aronde
Et l’Aisne au sein de l’Oise engloutissent leur onde,
Je voyois un mortel, qui, sage autant qu’humain,
Voulant qu’à ses labeurs le pauvre dût son pain,
Tous les ans, quand le nord déchaîne sa furie,
D’un peuple de vassaux soudoyoit l’industrie.
Femmes, vieillards, enfans, vous tous, qui lui devez
Et vos champs agrandis et vos toîts relevés,
Dites-nous quels travaux remplissoient vos journées.
En des plaines, jadis par Cérès couronnées,