Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/209

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Alliez-vous, pour loger ce maître fastueux,
Creuser les fondemens d’un château somptueux ?
Avez-vous enfermé dans un parc inutile
Un beau sol, que Bacchus pouvoit rendre fertile ?
Ah ! Chez lui rien n’insulte à votre pauvreté.
Ami dans tous ses goûts de la simplicité,
Il ennoblit son or par d’utiles ouvrages.
Les chemins applanis et riches en ombrages
Des remparts de Compiègne ont rapproché vos fruits.
Vos portiques sacrés que l’âge avoient détruits,
Doux asyle, où cent fois votre ame désolée
Sous les regards d’un dieu respira consolée ;
Eh bien ! à vos soupirs ils sont encor ouverts.
Cette onde, qui jadis par cent détours divers
Sur un terrein fangeux se traînoit incertaine,
Ruisseau pur maintenant et limpide fontaine,
Là, pour vous d’une grotte habite le repos ;
Ici, dans un canal roule pour vos troupeaux.
Sans lui ce marécage, autrefois le repaire,
Où se gonfloit l’insecte, où siffloit la vipère,
Autour de vous encor infecteroit les airs.