Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/220

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encor timide est à peine un ruisseau ;
Cependant roi futur, il roule ; et sa puissance
Déjà fait oublier son obscure naissance.
Admire-les, ces rois de l’humide élément ;
Le Gange, où l’Indien plongé stupidement
En l’honneur de Brama voudroit finir sa course ;
L’Yrtis impatient de voir les feux de l’Ourse ;
Le Volga, vaste mer tributaire des czars ;
La Seine, dont les bords embellis par les arts
Font envier leur gloire à la fière Tamise ;
La Saône, tendre amante à son époux soumise ;
Le Rhône cet époux, qui l’entraîne en grondant,
Et brise sur des rocs son orgueil imprudent ;
La Loire, dont les eaux, captives sans contrainte,
Se creusent chaque année un nouveau labyrinthe ;
Le Tibre, qui, déchu de ses antiques droits,
Veut quelquefois encor intimider les rois ;
Le Nil, le Sénégal et l’immense Amazone,
Trompant l’aridité de la brûlante zone ;
Tous, fleuves bienfaiteurs, que doit cet univers