Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/219

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Portent aux nations le tribut des frimats,
Jamais dans un canal, en fleuve rassemblées,
N’auroient donné la vie aux stériles vallées.
Ce globe n’eut offert que marais croupissans :
Mais j’élevai les monts, je fis souffler les vents,
Et les vents, au sommet des montagnes chenues,
Précipitent l’amas des vapeurs et des nues.
Là, leurs flots, chaque jour goutte-à-goutte filtrés,
De tuyaux en tuyaux distillent épurés.
Voudrois-tu contempler dans le flanc des collines
Le pénible travail de ces eaux crystallines ?
Tourne les yeux : ces monts t’ouvrent leur vaste sein.
Vois ici le rocher s’élargir en bassin ;
Là, prendre d’un syphon la forme recourbée ;
Plus bas, céder la place à la craie imbibée,
À des couches d’argile, aux sables, aux cailloux :
L’onde y coule, y serpente en filets purs et doux,
Bientôt au pié du mont, sur le gravier reçue,
Vers la clarté du jour elle cherche une issue.
Ses liens sont brisés ; mais, humble à son berceau,
Le fleuve