Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/274

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Osez donc, ô mortels, dans votre orgueil futile,
Osez vous plaindre encor de ces légers revers,
Qu’amène tous les ans le retour des hyvers !
Ah ! Plutôt que la voix de la reconnoissance
De ces jours bienfaisans chante la renaissance ;
À mes esprits vaincus ils rendront la vigueur.
Je les attends : mon luth bénira leur rigueur.
Mes voeux sont exaucés. L’air devenu paisible
Se resserre ; et sur nous, comme un trait invisible,
La gelée a dardé ses piquans éguillons ;
Elle change en cailloux la glèbe des sillons,
Et durcissant des eaux la mobile surface,
Tient les fleuves captifs sous des voûtes de glace.
Jours brillans des frimats, ornement des hyvers,
De quel subit éclat vous parez l’univers !
Oh ! Comme de la nuit vous diaprez les voiles !
Comme vous épurez les rayons des étoiles !
Astres, dont le regard, ami des matelots,
Marque en lettres de feu leur route sur les flots,
Pléyades, Orion, et toi, nymphe fameuse,
Qui jamais ne descends dans la mer écumeuse,